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Jeux paralympiques de Paris 2024 : petit frère du nageur multimédaillé Ugo, le pongiste Lucas Didier s’est fait un prénom

« Avec cette médaille, je ne serai plus seulement le petit frère d’Ugo », a glissé malicieusement aux journalistes, samedi 7 septembre, Lucas Didier, après avoir reçu la médaille d’argent du tournoi de para tennis de table de la catégorie MS9, réservée aux joueurs debout.
Valérie et Philippe, ses parents, n’étaient pas à l’Arena Paris Sud pour le féliciter, mais à la piscine de La Défense Arena de Nanterre, où leur autre fils, Ugo, a terminé cinquième de la finale du relais mixte 4 x 100 m nage libre. « Je leur ai demandé de ne pas venir car je préfère rester dans ma bulle », justifie le jeune pongiste (21 ans).
C’est donc loin des yeux de ses parents que Lucas Didier a été battu en finale par le Belge Laurens Devos. Double médaillé d’or à Tokyo en 2021, invaincu depuis sept ans, ce dernier l’a emporté en trois sets (11-9, 11-7, 11-7). Dans la matinée, le Français avait éliminé en demi-finale l’Australien Ma Lin, un autre cador du circuit, au terme d’un match palpitant.
« Je pense qu’il s’est éclaté durant toute la compétition. Il a pu profiter et je crois qu’il n’en ressortira que du positif, s’est exprimé dans la soirée Ugo Didier après sa dernière course. Le faire pour ses premiers Jeux, c’est énorme ! »
Avec sa médaille d’argent, Lucas va prendre un peu de cette lumière des Jeux dans laquelle baigne son frère depuis son titre de vice-champion olympique en para natation à Tokyo. Champion du monde et d’Europe, ce dernier va repartir de Paris avec trois médailles supplémentaires (or sur 400 m nage libre, argent sur 100 m dos et 200 m quatre nages). Une réussite qui a focalisé l’attention des médias.
« Ça a été un peu dur pour Lucas parce que les journalistes lui parlaient systématiquement de son frère. Il arrivait aux Jeux avec des ambitions et on lui a parlé d’Ugo pendant dix jours sur treize. Donc c’est super qu’il ait réussi », se félicite Roza Soposki, manageuse de la performance du para tennis de table à la Fédération française handisport.
Les deux frères n’ont qu’un an d’écart, souffrent du même handicap (un pied bot et une atrophie des membres inférieurs), mais ils n’ont pas choisi la même discipline, suivant les conseils de leurs parents. L’idée était d’éviter qu’ils se retrouvent en concurrence, alors que la priorité était d’utiliser le sport pour alléger leur programme de rééducation.
Entre les deux frères, une petite rivalité existe cependant, mais elle est plutôt décontractée. Quand ils se retrouvent au village olympique, ils évitent de parler de sport, histoire de décompresser. « On se taquine beaucoup, mais on ne se compare pas, confie Lucas. Nous allons fêter nos médailles ensemble, comme il se doit. »
Médaillé de bronze aux championnats du monde en 2022 et d’Europe en 2023, le Toulousain revient de loin. « J’ai galéré pour me qualifier pour les jeux », dit-il. Deux ans plus tôt, il a traversé une crise. « J’ai failli arrêter le tennis de table car je ne prenais plus de plaisir à jouer », révèle-t-il. Le staff de l’équipe de France est parvenu à le faire changer d’avis.
« Nous avons beaucoup discuté, rembobine Carole Grundisch, son entraîneuse. Il a trouvé une nouvelle orientation scolaire qui lui convient mieux, la chiropraxie, il est retourné habiter chez ses parents, il a retrouvé ses copains. Tout ça fait qu’il est épanoui et qu’il est performant. »
Personnalité atypique, introverti, Lucas Didier se passionne pour les livres, le jardinage et la photographie. « On l’a vu mûrir tout au long de la saison, au fil des matchs, poursuit Roza Soposki. Aux Jeux, il est arrivé en jeune homme, et il repart en homme, c’est super pour lui. »
Cette distinction vient redorer le tableau du para tennis de table français, dont le palmarès est plutôt décevant, avec six médailles paralympiques, dont une en or, contre onze (dont deux titres) à Tokyo, alors que l’objectif de la fédération était de dix récompenses.
Jérôme Porier et Elisabeth Pineau
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